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À la fin de mon discours au Conseil National, je vous rappelais les paroles que j’avais prononcées ici même à cette tribune, il y a quatre ans, et où j’exprimais mon regret, sans égoïsme, que le suffrage universel ne nous eût pas permis, dès cette époque, d’assumer la tâche que nous sommes chargés en ce moment d’assumer.

Aujourd’hui, j’éprouve la joie et l’allégresse la plus profonde, en pensant que c’est la victoire de notre Parti au sein d’une victoire de la République et de la Démocratie qui va nous investir. Vous serez là pour nous donner l’appui et le réconfort.

Ce réconfort, nous le trouvons aussi dans les voix qui nous sont venues de l’Internationale. Bracke vous a dit qu’à la dernière réunion de Bruxelles, chacune des sections de l’Internationale, qui avait déjà accueilli comme une victoire de la liberté et de la démocratie dans l’Europe entière, la constitution même du Front Populaire, avait accueilli son triomphe électoral comme un gage pour tous.

Cet espoir, je peux dire qu’il n’existe pas seulement dans les autres sections de l’Internationale à laquelle nous appartenons. Je crois qu’il existe aussi dans l’Europe entière. Je crois que l’Europe entière sent que la voix de la France pourra s’exprimer avec une puissance accrue, lorsque la France aura pour interprètes des hommes qui ont, chaque fois qu’il l’a fallu, risqué leur vie pour leur idéal.

Je crois pouvoir dire que notre voix a plus de chances d’être entendue. Et je crois aussi que nous, socialistes internationalistes, qui resterons fidèle à l’Internationale comme à notre Parti, nous aurons qualité plus que d’autres pour faire sentir que la paix telle que nous la concevons et la voulons, est une paix de justice et d’égalité, une paix totale, réelle, une paix indivisible, une paix effective, et, pour tout dire, une paix désarmée.