Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/83

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ouvrière sait aussi que pour les masses ouvrières, il n’est jamais possible de dissocier complètement leur action directe de leur action politique.

Voilà les causes que je veux indiquer à la Chambre. Il est possible qu’il y en ait d’autres. Je n’en connais pas d’autre pour ma part, ou je n’en connais pas d’une façon certaine.

On sent depuis quelques jours, d’après les indications qui me sont fournies, que certaines manœuvres assez suspectes chercheraient à modifier le caractère du mouvement. Si nous les saisissons, vous pouvez être assurés, messieurs, que nous y mettrons un terme, et sans aucun délai.

Le mouvement s’est étendu. Il a pris un caractère de masse. Il a parfois débordé les cadres des organisations syndicales. Il a pris une forme particulière, qui n’est peut-être pas aussi complètement nouvelle qu’on l’a supposé, car il y a dix-huit mois que se produisaient déjà dans la région du Nord ces premiers phénomènes qu’on a qualifiés, pas très exactement à mon avis, d’occupation d’usine, car aucune usine n’a été occupée du dehors, mais qui sont plutôt l’installation dans l’usine des ouvriers y restant, même après la cessation du travail.

On m’a reproché de m’être trop soucié de l’ordre public, ou d’avoir trop parlé de l’ordre.

Il se peut qu’au point de vue de l’ordre ces faits présentent des dangers moins graves que ces batailles de portes et de rues que nous avons connues dans la généralité des revendications ouvrières, que ces conflits entre les piquets de grève et les ouvriers voulant reprendre le travail, ou les forces de police assurant la liberté du travail, tout cela autour des portes cadenassées des usines.

D’autre part, les ouvriers protestent contre ces actes de violences personnelles dont il a été question tout à l’heure et que personne ici ne songerait à justifier.