Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/98

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consommation, la demande. C’est par la reprise de la consommation que le démarrage de l’économie s’est caractérisé.

C’est un effet du même genre que nous essayons de produire sur l’économie française. Je peux concevoir qu’on trouve cette tentative hardie, mais je ne conçois pas qu’on la trouve chimérique et éloignée de toute réalité quand, au contraire, dans notre ferme conviction, c’est en grande partie sur la réalité constatée et expérimentée qu’elle repose.

Ce qui est vrai, messieurs les sénateurs, c’est qu’il y a une période de transition qui comportera les mêmes difficultés pour les entreprises privées et pour l’État lui-même.

Pour l’État quelle sera la compensation ? Elle sera pour lui aussi la reprise de l’activité générale, car la reprise de l’activité générale, cela signifie les plus-values qui permettront enfin cet équilibre sincère, stable, réel du budget que vous poursuivez depuis des années avec de si courageux efforts.

Il faudra dans l’un et l’autre cas attendre. Pendant cette période l’État pourra aider et il faudra en effet, comme nous l’avons dit, que la nation aide l’État. Oui, il faudra que la nation s’ouvre, je le répète, un crédit suffisant à elle-même. On a parlé d’une analogie avec l’économie de guerre. La seule analogie véritable est là. C’est qu’il faut en effet que le pays prenne assez de confiance en lui-même pour se donner les moyens de lutter contre la crise comme il s’était donné les moyens de lutter contre un fléau encore infiniment plus redoutable et plus meurtrier.

Messieurs, si on ne procède pas comme nous demandons au Parlement de nous aider à le faire, que fera-t-on ? Quelle politique faudra-t-il envisager ? Est-il possible d’envisager aujourd’hui une déflation plus massive et plus sévère ? Est-il possible — je ne veux même pas dire politiquement mais matériellement — est-il possible d’arriver