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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Et se penchant à son oreille, il ajouta tout bas, dans un souffle :

— Dis-le Mia-Na ! Dis-le : « Je t’aime ! »

Elle releva enfin la tête, défaillante et posa sur lui ses grands yeux tout humides, balbutiant d’une voix brisée :

— Pourquoi nous rendre malheureux ? Il faut se séparer !

C’était l’aveu.

Le premier aveu, chaste et craintif comme le regard d’une nymphe effarouchée, troublant à dire comme la confession d’un état d’âme éperdu, doux à attendre comme les premiers mots d’un enfant, les premières notes d’un concert angélique ; mais sur les lèvres de Marie-Anna cet aveu n’était qu’une plainte douloureuse d’un caractère bien humain, atrocement humain, un cri de bonheur étouffé sitôt qu’il vient de naître :

— Hélas, il faut se séparer !

— Je ne vous quitte pas pour toujours, ma Mia-Na ! lui dit-il avec tendresse. Dans un mois je reviendrai près de vous et ne vous quitterai plus. Oh, comme nous serons heureux alors ! Comme nous nous aimerons ! Chaque jour nouveau nous apportera de nouvelles joies. Vous êtes celle que