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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Je rentre à l’Université pour ma dernière année de cours.

— Ne viendras-tu pas aux Piles tous les dimanches comme durant l’hiver dernier ? demanda-t-elle.

— Mais oui ! Et je viendrai te voir… si tu le veux, répondit le timide jeune homme.

Marie-Anna eut un sourire forcée.

— Si je le veux ! Certainement que je le veux ! Pourquoi ne le voudrais-je pas, Henri ? Je suis toujours contente de te voir.

Il la regardait et semblait absent.

Il était visible que quelque chose de singulier se passait en lui ; mais sa timidité l’emportait sur ses résolutions et quand il voulait parler, il hésitait, puis finalement se taisait.

Marie-Anna voyait parfaitement ce qui se passait dans le cœur de ce grand ami de son enfance ; mais elle affectait devant lui cet air naturel et simple qu’on a devant les membres de sa famille et cet air-là, si affectueux qu’il soit ou qu’il paraisse ne peut pas, ne pourra jamais provoquer les aveux de l’amour. Marie-Anna le savait et en usait sans pitié à l’égard d’Henri. Ce lui était d’autant plus facile qu’elle se sentait