lier prit le parti d’oublier ce qui s’était passé. Ses suppositions avaient abouti à lui faire croire que Marie-Anna et Henri s’aimaient en cachette et qu’une petite querelle d’amoureux était survenue ce soir-là.
Une quinzaine passa.
Marie-Anna reçut des nouvelles de Jacques ; il disait que ses parents le retenaient à Rézenlieu-Villodin et qu’il ne pouvait décemment les quitter après un si long séjour à l’étranger. Mais il était résolu à obtenir coûte que coûte l’autorisation de revenir au Canada.
« Ne m’oubliez pas, Mia-Na ! écrivait-il encore. Je pense à vous et vous êtes toute ma vie. Je ne considère notre éloignement l’un de l’autre que comme une épreuve et la préparation de notre bonheur. »
Marie-Anna répondit à cette lettre ainsi qu’elle avait répondu aux précédentes. Tout en comprenant les raisons qui retenaient Jacques auprès de ses parents, elle le pressait de revenir au plus tôt.
« Car, écrivait-elle avec une naïveté touchante, s’il est doux de se savoir aimée, il est dur de ne plus l’entendre dire ! »