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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

L’effet immédiat fut une révolte du cœur. Il cria éperdûment au-dedans d’elle-même.

— Non, non ! Je ne veux pas ne plus l’aimer !

Marie-Anna ressentit à ce moment une souffrance si aiguë qu’elle ne put ni pleurer ni trouver un mot à répondre à sa mère. Celle-ci voyant son enfant demeurer muette et croyant ses efforts dépensés en pure perte éprouva une immense affliction qu’elle ne put dissimuler. Affolée, misérable, le cœur battu de toutes parts entre l’affection maternelle et l’amour, Marie-Anna souffrit horriblement.

Elle voulut s’épancher auprès de sa confidente et lui confia ses tourments mais Jeannette comprenait les craintes de madame Carlier. Après avoir longtemps discuté avec Marie-Anna sur ce sujet pénible, elle la blâma doucement d’abord, puis ouvertement d’oublier ainsi ce qu’elle devait à sa mère.

Alors, Marie-Anna ne parla plus… Repoussée de tous côtés sans consolation, sans soutien elle s’enfonça de plus en plus malheureuse dans l’isolement, dans l’immensité de sa douleur. Elle s’attacha avec désespoir à son amour chancelant, demandant du courage à la faiblesse, nourris-