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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Quand Marie-Anna reprit le chemin de sa demeure, elle ne pleurait plus. En se relevant des marches de l’autel où toute pantelante de douleur sa piété filiale l’avait jetée, la pensée sainte du sacrifice avait pénétré son âme.

Elle ne répondit pas à Jacques.

Il arriva encore une lettre de France. C’était un suprême appel. C’était le dernier cri de la passion qui ne veut pas sombrer et qui s’accroche désespérément au passé. Brisée par cet état continuel de luttes et de déchirements, consolée, mais non guérie, Marie-Anna s’assit devant le petit bureau de sa chambre et prit une plume. Quelques larmes tombèrent sur la feuille blanche ; elle n’eut pas le courage d’écrire crûment que « tout était fini ». Elle traça quelques lignes banales et volontairement évita de terminer sa lettre par un mot tendre. Elle pensa que le coup serait moins dur ainsi et que Jacques comprendrait…

— Pauvre chéri ! sanglota-t-elle. Pourquoi m’a-t-il connue ?

Elle porta elle-même la triste missive à la poste et au retour pénétra dans l’église.

Le sacrifice s’accomplissait.