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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

éprouva des besoins sauvages d’isolement absolu et sans motif, interdit brusquement l’entrée du castel à ses domestiques. Son caractère déjà mobile et ombrageux s’assombrit encore ; il passa des jours de cauchemar et des nuits blanches.

C’est à ce moment qu’il écrivit ces lettres toutes débordantes de tendresse qui devaient apporter tant de trouble dans la solitude malheureuse de Marie-Anna. Ces lettres demeurèrent sans réponse.

Jacques fut convaincu que Marie-Anna se détachait de lui. Son premier cri fut une plainte douloureuse.

— Mon Dieu, que lui ai-je fait ?

Surpris pour la première fois de sa vie par une grande douleur et encore ignorant de la souffrance, il pleura puis se prit à maudire sa destinée mais ces faiblesses ne durèrent que le temps d’une larme. Toujours prompt à s’exalter il conçut des résolutions ; alors il se heurta à l’idée de l’autorité paternelle dressée en face de toutes ses volontés comme un ordre inflexible à l’obéissance. L’égoïsme de l’amour fit taire en lui la voix des affections de la famille. Il ne vit plus autre chose qu’un but à atteindre l’amour recon-