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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

re un caprice semblable et te laisser épouser quelque femme jaune que tu amènerais ensuite ici en me la présentant pour fille ? Tu abuses singulièrement, mon ami, de ma condescendance pour tes moindres désirs. Il faut que tu aies perdu le sens commun pour venir m’adresser une demande semblable ! Fie-toi à mon expérience, Jacques et réfléchis un peu. Pense à la situation sociale de notre famille, à notre nom qu’on ne peut mésallier et apprends enfin que je n’accepterai pour toi qu’un mariage riche dans notre société. Tes histoires d’outre-mer ne sont que des lubies de rêveur et de romanesque dont il faut te défaire. Tu as compris, n’est-ce pas ?… N’en parlons plus !…

Quand le comte de Villodin se tut tendant la main à son fils pour l’inviter à sortir et à ne pas prolonger cette scène, il vit le jeune homme rester immobile près de lui. Une lueur de sévérité brilla dans les yeux du comte. Jacques ne sourcilla pas. On eût dit à ce moment qu’il perdait un peu de la contenance respectueuse qu’il avait observée jusqu’alors, comme si de propos délibéré il avait longuement prémédité cet entretien,