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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/216

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

lui-même, reprenant, avec le calme et à l’approche du but la conscience de ses devoirs de jeune homme mondain et respectueux. Le comte haussa les épaules, grommelant entre ses dents, cherchant évidemment, un moyen extrême pour l’empêcher de partir.

Jacques s’apprêtait déjà à franchir le seuil de la bibliothèque quand sa mère lui dit précipitamment :

— Jacques ! Demande à ton père qu’il te serre la main !…

Il s’avança aussitôt, la main tendue mais dans le même instant une nouvelle crainte contracta son visage, l’humiliation d’un refus. Le comte de Villodin était toujours en proie à une émotion extraordinaire. Son orgueil de grand seigneur et sa faiblesse de père indulgent se partageaient sa volonté. Il vit son fils revenir vers lui, baisser la tête et mettre un genou à terre. Il y avait dans ce geste tant de noblesse, de soumission et aussi de naturel que cette fois l’orgueil du comte parut désarmé.

— Allons, va puisque tu le veux ! fit-il d’une voix grosse encore de colère. Mais souviens-toi si tu es malheureux un jour, souviens-toi, Jac-