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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ce de l’étudiant. Marie-Anna le rappelait !… Henri ne supposa pas un instant que Marie-Anna eût obéi à un esprit de sacrifice en lui écrivant de venir. Il vit dans ce rappel l’oubli d’un autre amour déjà lointain, chancelant, défunt ; il vit le regret, le remords peut-être de l’avoir jeté durant plusieurs semaines, lui, l’ami d’enfance, sur un lit de douleur. Et pour que l’impression ressentie soit plus douce à son âme, Henri pensa naïvement que Marie-Anna avait enfin cessé d’être insensible à la passion qui le dévorait.

Il n’était guère psychologue, tout médecin qu’il fût. Cependant, il n’ignorait pas que la femme s’attendrit d’ordinaire sur l’état de l’homme continuellement vaincu.

Henri avait entendu dire un jour à l’un de ses amis : « La femme donne une caresse à l’homme qu’elle vient de souffleter si elle croit lui avoir fait bien mal. » Cette pensée, un peu libertine lui revint à la mémoire et il eut aussitôt l’illusion que Marie-Anna, après l’avoir bien fait souffrir se prenait à l’aimer, non plus de cette tendresse de sœur, d’amie de jeunesse, mais d’amour, d’amour de cœur et de tête.