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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/244

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

par un pressant coup de sonnette. Elle n’avait pas fermé les yeux de la nuit ; son visage était marqué de la pâleur de l’insomnie. Son imagination surexcitée lui avait montré Jacques et Henri s’éloignant dans les ténèbres du village pour se battre à mort et disputer au prix du sang la faveur suprême de la voir désormais sans jalousie, sans rivalité. L’interminable nuit ! Vers une heure du matin, Marie-Anna fut debout, incapable de tenir plus longtemps dans son lit ; elle erra comme désorientée entre les murs de sa chambre pendant un temps qu’elle n’apprécia pas. Enfin brisée de fatigue sous la trop grande tension des nerfs, les tempes battantes, une migraine violente au cerveau, la malheureuse tomba à genoux sur la descente de lit, la tête enfouie dans les draps et gémit, désespérée :

— Jésus ! Ayez pitié de moi !

Elle passa le reste de la nuit à prier. En voyant Henri accourir à la pointe du jour, une horrible appréhension l’envahit. Elle vit Jacques étendu, mourant et son premier regard tomba sur Henri comme sur un meurtrier.