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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de ces grands yeux noirs qui opéraient déjà leur charme magique et involontaire. Le flirt était si évident que Marie-Anna, sans pitié pour les flirteurs de tous pays n’hésita pas à laisser celui-ci sous la pluie, victime de sa propre stratégie galante. Elle trouvait le tour excellent et détournait la tête pour cacher un sourire de malice chaque fois que Villodin recommençait sa pantomime. Gilbert marchait au bras de l’oncle Labarte, en écoutant une grave conférence sur la récolte du sucre d’érable ; entièrement abrité sous l’immense parapluie du bonhomme, il observait l’air goguenard, la mine quêteuse de son compagnon, son flirtage malheureux et se retenait d’éclater de rire pour ne pas faire injure au vieillard qui lui parlait le plus sérieusement du monde.

L’orage s’était apaisé ; mais la pluie battait encore la route et les bois.

Jacques de Villodin, tête basse, monologuait intérieurement :

— Après tout, je ne suis pour elle qu’un inconnu ; se disait-il. Et puis elle n’est peut-être qu’une prude, une bigotte… Allons, c’est une glissade manquée !

Après vingt minutes d’une marche pénible