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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/262

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Le village de Shawinigan-Falls présentait à cette époque l’aspect d’une petite cité manufacturière en pleine fièvre d’industrie et d’activité. Dans ce coin charmant, des Laurentides ne s’entend guère, en d’autre temps que le mugissement de la cataracte, l’homme apportait le bruit du travail et du progrès. De l’aube au coucher du soleil, l’air retentissait des coups de masses des forgerons, du halètement strident des grues à vapeur, du cri des charretiers excitant leurs chevaux et poussant de l’épaule de lourds tombereaux de terre. Des ouvriers chantaient au soleil, dans les échafaudages et rythmaient des refrains à la cadence des marteaux. À côté de ce vivant tintamarre, la cataracte grondait.

Le soir, les ouvriers se dispersaient par les rues. Des hommes de toutes langues composaient les équipes. On remarquait un grand nombre d’italiens reconnaissables à leur démarche nonchalante et à une certaine recherche de couleurs voyantes dans le costume ; des Belges avec leurs cheveux taillés en brosse, des Français exubérants étirant entre leurs doigts la fine