— Pourquoi es-tu resté si longtemps sans m’écrire ? lui demanda-t-elle.
— J’ai été retenu par mon père, répondit Henri. Nous avons couru la province pour chercher le lieu où je dois m’établir. Je suis rompu de voyages.
— Ton choix est-il fixé ?
— Non, pas définitivement. C’est à croire que les épidémies de bonne santé sont rares ici ; il y a des médecins partout !
Marie-Anna sourit à cette saillie. Autour d’une table voisine, on menait grand tapage : Rose Bertelin « tirait les cartes » et prédisait l’avenir à William et à Jeannette. La jeune fille riait comme une petite folle en entendant parler de son mariage qui, paraît-il, était prochain, d’un voyage à l’étranger, d’une fortune brillante et de toutes sortes de choses plus belles les unes que les autres.
— À moi tout le bonheur ! s’exclamait-elle. Il n’en restera plus !
— Attendez ! fit Rose.
Jeannette se pencha, intéressée. Rose posa son doigt sur un pique placé d’une certaine façon :