Aller au contenu

Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Il arriva au milieu des terrains vagues qui environnent la gare de Shawinigan. La nuit était épaisse malgré le ciel étoilé. Une cloche tinta au loin.

— Dix heures et demie, murmura le jeune homme. J’ai encore dix minutes.

Tourmenté secrètement, il s’arrêta, sur le point de rebrousser chemin. Cependant, il pensa que son père devait avoir des raisons pressantes pour le mander par télégramme.

Il continua d’avancer, la présence de William et de Jeannette auprès de sa fiancée le rassurait un peu. Soucieux malgré tout, monologuant, les yeux sur le sol, il se heurta soudain à un homme qui le repoussa violemment et vint se poser devant lui, les bras croisés, sans dire une parole.

Henri fit un bond en arrière. En pleine nuit, à cinq cents pieds de toute habitation, il n’y avait pas à hésiter. Lestement, il sortit un revolver de sa poche et braqua le canon de Parme sur la poitrine de l’inconnu en criant :

— Place !

— Là, là ! Doucement, monsieur Chesnaye ! répondit tranquillement une voix gouailleuse.