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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

chaîné à son char le souvenir de maintes belles éplorées.

Comme tous ceux qui ont vu beaucoup d’hommes, de pays et de choses, il avait un don de perspicacité, d’observation assez rare chez les jeunes gens de son âge, surtout si l’on considère que son enfance avait été heureuse, au sein d’une famille dont il était le plus grand souci. Toutes les embûches matérielles et morales avaient été écartées de sa route ; son caractère se ressentait des excès de sollicitude de l’âge tendre. Il avait les larmes faciles comme ceux qui ne savent pas souffrir ; il était volontaire, entêté, soumis aux prières et rebelles aux ordres. Enfin il portait en lui une âme tendre et un cœur léger, celui-ci vierge encore à l’épreuve des passions violentes, celle-là brisée à toutes les contemplations, à toutes les extases, ayant trouvé dans la nature sa plus parfaite affinité.

Il connut Gilbert Sansonnet à Paris, dans une école de peinture. Jacques venait là par dilettantisme. Gilbert ne fréquentait cette école que dans le but d’acquérir des connaissances utiles à sa profession d’ornemaniste. Orphelin sans fortune à l’âge de quatorze ans, il quitta la Nor-