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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

bleaux de la sombre tragédie se déroulaient rapidement… Un jeune homme retenu au rivage par un câble que cinquante ouvriers s’apprêtaient à tirer nageait péniblement à côté de la barque. Il allongea le bras pour la saisir mais l’embarcation mal gouvernée vira brusquement et lui frappa la tête. La foule poussa un immense cri en voyant le sang inonder son visage. Il ne coula pas. Ses mains s’accrochèrent nerveusement au bord de la barque ; les hommes de la rive tirèrent sur le câble. Le malheureux sauveteur n’était plus qu’une loque humaine quand on le reçut à terre ; on eut de la peine à détacher ses mains de la barque. Ses membres étaient rigides comme des barres de fer…

Henri s’était avancé.

— Où est cet homme ? demanda-t-il.

— Là, dans la chambre voisine, répondit le médecin.

Henri fit un pas.

— Un instant, monsieur ! fit le médecin en l’arrêtant. L’état de ce malheureux est désespéré ; s’il entendait la porte s’ouvrir, il pourrait remuer et le moindre mouvement peut être fatal.

Marchant avec précaution, les trois hommes