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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ble épreuve commença : l’éclair d’un instrument tranchant passa devant mes yeux, mais à ce moment, l’instinct de la conservation me fit pousser un cri si déchirant que le joli blond, mon bourreau, s’enfuit dans l’arrière-boutique ! J’étais sauvé !!! Après avoir fait deux ou trois bonds d’épileptique, je me vis hors de la machine aux tortures et me précipitai vers la rue. La sueur me mouillait les tempes ; en levant la tête, j’aperçus à la fenêtre du deuxième étage, le joli blond qui me regardait comme un phénomène. Il m’avait cru fou furieux !

Que voulez-vous ? Après avoir traversé tant de contrées sauvages où les naturels se font la barbe avec des pierres de silex taillé, j’arrivais là, brusquement, sans transition dans un pays où les barbiers se servent de toutes sortes de complications mécaniques pour gratter le menton des hommes ! Convenez que ma surprise était légitime !… J’appris quelques jours plus tard la vérité sur la chaise aux tortures et sincèrement je ne pus penser sans remords à la frayeur de ce pauvre petit blond que j’avais pris pour un inquisiteur ! Vraiment le Canada est un pays de pro-