Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

MARIE-ANNA LA CANADIENNE
PREMIÈRE PARTIE

LES PLUS BEAUX YEUX DU CANADA

I


Quand l’automne renouvelle le décor de la grande scène terrestre où nous passons, il semble que le langage des choses se fait plus grave, plus austère. Dans les bois, les tissus ligneux des vieilles souches forment les colonnes d’un temple sous lequel la religion de la nature chante de sa douce voix la mort et la défloraison de tous les êtres du règne végétal. Mais ce murmure est si faible qu’on sent en lui comme une production mélodieuse inspirée par le silence, la voix éteinte d’une saison qui se souvient des fleurs en mourant dans les glaces.

L’herbe mouvante des prairies prend ses tons d’or liquide et perd son jeu de reflets verdoyants. Comme l’oiseau fatigué jette faiblement un dernier cri avant de replier sa tête sous l’aile, la nature chante un dernier hymne avant de s’endor-