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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/63

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Curieuse, un soupçon de sourire au coin de la lèvre, Marie-Anna suivait la marche du crayon, cherchant sans y parvenir, à lire les mots à l’envers. Quand Jacques lui rendit l’album, guettant l’effet de la demande rimée, elle parcourut rapidement les lignes, mais son visage ne refléta pas le moindre sentiment. Jacques qui l’observait de son regard le plus pénétrant attendit en vain une réponse. « Les beaux grands yeux noirs si brillants » ne répondaient rien.

— Pas de chance ! pensa-t-il. Encore manquée, la glissade !

Mademoiselle Carlier dit sur un ton aimable, sans plus :

— Très bien, c’est très bien ! Je vous remercie, monsieur… Et vous, monsieur Gilbert, êtes-vous poète ?

— C’est selon les heures…

— Alors je change ma question, reprit Marie-Anna redevenue souriante. Et regardant la pendule :

— Je serais bien aise de savoir si d’ordinaire, à 10 heures 20 du soir, vous vous sentez en veine de poésie.

— Je me sens poète, mademoiselle, toutes les