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VI


Gilbert s’était installé au pied d’un rocher et croquait au fusain un groupe de bouleaux détachant leurs troncs blancs à l’orée de la forêt. La journée avait été fraîche avec un peu de soleil vers midi. C’était le temps des brumes qui, durant plusieurs jours, à l’aube et au crépuscule recouvrent les campagnes de leurs insaisissables gazes. Gilbert, homme doué d’un bon tempérament d’artiste malgré ses tendances de matérialiste féroce savait goûter la variété des tableaux de la nature. Il avait trouvé là, au sortir des sentiers sombres, une sorte d’avant-scène naturelle inondée d’une lumière blanche, très douce, comme projetée au travers d’un voile. L’horizon se distinguait à peine ; les premiers plans formaient un vigoureux relief ; toutes les choses environnantes s’estompaient, légères dans le brouillard du crépuscule naissant. Au loin une ligne grise laissait deviner la silhouette puissante des Laurentides.

Assis sur une roche voisine, Villodin semblait