Aller au contenu

Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

tif qui nous est encore inconnu. Pourquoi partir ?… Et puis…

— Allons, Jacques ! interrompit brutalement Gilbert. Ne te mets donc pas l’esprit à la torture pour trouver des prétextes. Dis-moi : « J’aime Marie-Anna et je reste ! » Ce sera plus simple !

Villodin s’était levé.

— Eh bien, oui, je l’aime ! éclata-t-il. Oui, je reste ! Entends-tu, Gilbert, je l’aime ! je l’aime !  ! je l’aime !  !  ! Et je veux rester pour la voir, lui parler, la suivre, l’adorer malgré elle, malgré tout ! Oh, aie pitié de moi, Gilbert ; je l’adore et je suis malheureux !

À bout d’haleine, il retomba sur sa chaise, la tête dans ses mains.

— Hum ! fit Gilbert très calme devant cette explosion. Il paraît que le mal est sérieux !

Il ne l’avait jamais vu si exalté. Sa figure expressive refléta un instant les véritables sentiments qui l’agitaient, en présence de la douleur de son ami. Connaissant son esprit volontaire, peu maniable par la force, il entrevit les conséquences fâcheuses que cet amour entraînerait infailliblement si Jacques s’abandonnait au vertige