Grand’mère.
l y a longtemps, bien longtemps que, pour la
dernière fois, je contemplai ta physionomie calme
et si douce ; que je te baisai sur tes joues pâles
et ridées ; que je me mirai dans tes yeux bleus qui
reflétaient tant de bonté et tant d’amour ! Ah ! où
est le jour où tes vieilles mains me bénissaient pour
la dernière fois ? — Elle n’est plus, la bonne vieillotte !
Il y a longtemps déjà qu’elle repose sous la
terre froide.
Mais pour moi, tu n’es point morte ! Ton image reste imprimée dans mon âme, avec le coloris qui anime tous ses traits ; et aussi longtemps que je vivrai, tu vivras en elle ! — Ah ! si je savais manier le pinceau d’un maître de l’art ! C’est alors, chère grand’mère, que je pourrais te célébrer bien autrement. Car, pour cette esquisse, tracée à la plume, je ne sais vraiment si elle pourra plaire !
Mais comme tu avais l’habitude de dire : « Il n’est donné à personne de contenter tout le monde, » il me suffira que quelques personnes goûtent, à lire ton histoire, autant de plaisir que j’en ai à l’écrire.