Après avoir pris congé d’Héléne, de madame l’hôtesse et des parents, les enfants s’installèrent dans la voiture, Christine auprès d’eux ; Mila sauta sur le siège à côté de Venceslas et ils partirent.
« Voyez Mila ! comme il fait le monsieur ! » s’écrièrent des garçons qui suivaient le trottoir, au moment où la voiture passait auprès d’eux.
« Je crois bien, car j’ai à de quoi être fier ! » s’écria Mila joyeusement, en jetant un regard de complaisance en arrière dans la voiture. Mais le garçon qui avait crié après Mila, et qui était son meilleur camarade, jeta son bonnet en l’air et chantait : « L’amour, l’amour qui vient du ciel, où le prend-on ? Il ne croît pas sur la montagne, et on ne le sème pas dans les champs. »
Mais ceux de la voiture n’entendaient plus le reste, car les chevaux allaient au galop vers la maison.
« Avez-vous fait au moins vos prières ? » demanda grand’mère à son petit monde.
« Je les ai faites, » dit Jean, « mais il me semble que Guillaume, lui, ne les a pas faites. »
« Ne le croyez pas, grand’mère, j’ai répété sans cesse mes prières, » dit Guillaume, « mais Jean m’a toujours poussé, sans me laisser un moment en repos ! » dit Guillaume en s’excusant.
« Jean, mon petit Jean, tu es un méchant garçon ; c’est cette année que je serai obligée de me plaindre de toi à saint Nicolas, » dit grand’mère tout en branlant la tête d’un air sévère.