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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/180

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sur le chêne ? qu’une fille qui aime un garçon, pâlit bientôt. Mais à ces mots Antscha se fâcha presque, dans la pensée que Barla avait parlé pour elle ! car vous savez qu’elle est la fiancée de Thomas. Mais Barla ayant remarqué son trouble, fit ce second vers pour la calmer : Tais-toi, petit oiseau, tais toi, tu ne dis pas vrai ; car moi aussi j’aime, et je garde pourtant mes couleurs ! — Cette chanson nous plaisait assez comme cela, et la mélodie qu’on y adapta, était ravissante. Les filles de Zernov qui ne la connaissaient pas encore l’entendront avec plaisir, » ajouta Christine.

Marie et Barounca se mirent à fredonner cette nouvelle chansonette, mais au même instant la voiture arriva au tournant du château. Devant le portail se tenait le jeune des valets de chambre, vêtu de noir, jeune homme de petite ville, et maigrelet ; il se passait les doigts d’une de ses mains dans sa longue barbe noire tandis qu’à une chaîne d’or qu’il portait au cou était suspendu son pouce de l’autre main, afin qu’on puisse voir les bagues qui reluisaient à ses doigts.

Quand la voiture passa près de lui, ses yeux brillèrent comme les yeux d’un matou, à la vue d’un moineau ; il prit son air gracieux pour sourire à Christine et lui faire un signe de la main. Mais les deux femmes firent à peine attention à lui, et Mila ne souleva qu’avec dégoût son bonnet de poil de loutre.

« J’aimerais mieux voir le diable, que cet Italien, » se mit à dire Christine ; il est toujours aux aguets,