enfants. Qu’ils en jouissent donc ! Mais il me semble que je ne vous ai pas encore raconté ce qui s’est passé chez nous l’autre soir. »
« Il y avait hier autant de monde chez nous que sur le pont de Prague, de sorte que nous ne pouvions nous pas causer ; mais je me rappelle que tu avais à me raconter quelque chose de cet Italien. Eh bien, raconte le moi ; mais tu n’as le temps que de dire un mot par verset — car j’attends mon gendre et ma fille de l’église et nos hôtes arriveront bientôt, » dit grand’mère en la pressant un peu.
« Imaginez-vous donc que ce vagabond d’italien venait chaque jour chez nous pour y boire de la bière ; — ce n’est pas cela qui eut été mauvais, puisque l’auberge est pour tout le monde ; — mais c’est qu’il ne restait pas assis tranquillement à table comme tout homme rangé ; mais il allait se fourrant partout et dans la petite cour, et à l’étable aux vaches, — en un mot, de quelque côté que je me tournasse, il était sur mes talons. Cela fâchait beaucoup mon père ; or vous savez comme il est très bon ; lui qui ne voudrait pas blesser seulement un poulet ; n’aimerait pas repousser des hôtes, et surtout ceux qui lui peuvent venir du château. Mais il comptait sur moi. Je me montrai donc, et plus d’une fois, fort peu gracieuse envers lui ; et lui, faisait comme s’il avait entendu quelque chose de bien beau, et je suis sûre qu’il comprend le bohème, quoique il fasse semblant de n’y rien entendre. Mais il ne faisait que répéter son éternel mot : « vous, jolie fille ; moi aime ; puis il joignait les mains et se mettait même à genoux devant moi ! »