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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/197

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toutefois si ardemment, monsieur Proschek se trouva fort ému ; aussi à peine Barounca eut-elle commencé à dire son compliment que les larmes lui tombèrent des yeux. Les enfants voyant pleurer père, mère et grand’mère, s’arrêtèrent dans leur compliment en se mettant à pleurer aussi. Betca et Ursule qui écoutaient à la porte la récitation, se couvrirent les yeux de leurs tabliers bleus ; elles aussi pleuraient plus fort, l’une plus fort l’autre. Monsieur le meûnier était à tourner la tabatière entre ses doigts, comme fait roue au moulin, pendant que le chasseur essuyait avec la manche de son habit un beau couteau de chasse (car il était en costume) pour cacher leur attendrissement ; Christine était auprès de la fenêtre sans dissimuler ses larmes, lorsque le meûnier faisant un pas vers elle, la frappa sur l’épaule d’un petit coup de sa tabatière en lui chuchotant à l’oreille :

« N’est-ce pas que tu penses au temps, où des enfants viendront te souhaiter aussi la fête ? »

« Vous, monsieur, le meûnier, vous êtes toujours à taquiner les autres, » lui repondit-elle, et elle s’essuya les yeux.

Les yeux encore humides des larmes, mais la joie et les contentement au cœur, monsieur Proschek s’avança vers la table et versa du vin dans une coupe. « À la santé de tous ! » dit il, en vidant le premier verre. Puis tout le monde but à la santé du maître de la maison, et bientôt tous les visages furent rayonnants de gaîté. C’était Jean qui était le plus heureux : il avait reçu du chasseur deux lapins ; de madame la meunière, un de ces grands gâteaux qu’il aimait à cause des épices qui en rele-