ce qu’elle ne voulait pas faire, parce que sa croyance à ces superstitions était trop profondément enracinée chez elle. Elle pensait que ces sortes des bons et des méchants esprits étaient répandus dans toute la nature ; elle croyait à un mauvais esprit infernal que Dieu envoie dans le monde, pour tenter le peuple de Dieu ; elle croyait tout cela, mais elle n’en avait pas peur, ayant dans le cœur une forte et inébranlable confiance en Dieu, ciel et enfer ; et sans la volonté de qui pas un seul cheveu ne tombe de notre tête.
Telle était aussi la confiance qu’elle s’efforçait d’inculquer dans les cœurs de ses petits enfants. Et à cause de cela, quand Ursule voulut, le jour de sainte Lucie, parler de la femme blanche, elle lui défendit de continuer, en ajoutant que Lucie ne fait que retrancher quelques minutes de la nuit pour rendre le jour un peu plus long. Mila était le favori des garçons : il leur fabriquait, ou des traîneaux, de petites charrues, de petites voitures ; ou bien il préparait des bois résineux, et les garçons restaient silencieusement assis à côté de lui. Quand la conversation se tournait au terrible, et que Guillaume alors se serrait contre lui, il lui disait toujours : « N’aie pas peur, Guillaume, nous prendrons une croix contre le diable, et un bâton contre spectres, et nous les chasserons à grands coups. C’est ce qui plaisait aux garçons, et avec Mila ils eussent été peut-être capables d’aller à minuit n’importe où. Et grand’mère en lui donnant raison, ajoutait toujours : « Oui, toutes choses égales, un homme est pourtant plus courageux ! »