Seigneur notre Dieu lui donne la gloire éternelle ! Eh bien ! Une fois que je serai morte, ce sera pour vous, ajoutait-elle en fermant l’écrin.
« Mais, grand’mère, demandait un jour Barounka, comment s’est-il fait que l’empereur Joseph vous ait donné cette pièce d’argent ? Racontez-le nous. »
Elle répondit : « Ce sera pour une autre fois que vous me ferez ressouvenir de vous le raconter. »
Outre ces objets, elle avait dans ce casier deux chapelets bénis, des rubans pour ses coiffes ; puis, et toujours, au milieu de tout cela, quelques friandises pour ses petits enfants.
C’était au fond de ce bahut peint qu’étaient son linge et ses vêtements. Or, toutes ces messalines, ces tabliers, ces jaquettes d’été, ces corsets et ces fichus étaient rangés dans le meilleur ordre et surmontés de deux coiffes blanches, empesées, et disposées, par derrière, en ailes de pigeon. Elle ne permettait point aux enfants de mettre la main dans ce meuble ; mais, à ses bons moments, elle en retirait elle-même une pièce après l’autre et leur disait : « Voici un jupon de canevas que je porte depuis cinquante années déjà ; voici, mes enfants, une jaquette que portait habituellement votre bisaïeule ; voilà un tablier qui a l’âge de votre maman, et tout cela est comme neuf. Et vos habits, à vous, sont tout de suite usés ! Mais c’est que vous ne connaissez pas la valeur de l’argent. Vous voyez bien cette jaquette en soie : elle a coûté cent florins que l’on a payés cette fois-là en papier-monnaie. Et elle continuait sur ce ton, les enfants l’écoutant en silence, comme s’ils comprenaient bien.