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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/283

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pas ? » lui cria de loin la meûnière ; nous attendons aussi notre Marie. Asseyez-vous au milieu de nous, grand’mère ! »

Et elle prit place sur le banc. Qu’y a-t-il de nouveau, demanda-t-elle au meûnier et à la compagnie ?

« Je venais de raconter que les jeunes gens doivent se rendre au recrutement cette semaine, » dit un des chalands.

« Alors, que le bon Dieu les protège ! » dit grand’mère.

Vous avez raison, grand’mère, il n’y aura pas mal d’affliction comme cela, dit la meûnière, car je crois bien que Mila est au désespoir.

« Il en va toujours ainsi, quand on est bel homme, dit le meûnier qui, pour lors, faisant sa moue, et clignait d’un œil ; si Mila ne l’était pas, il serait exempté du service militaire ; mais la méchante jalousie de la fille du maire, de Lucie, et la colère de la fille de l’administrateur lui ont joué ce mauvais tour.

« Peut-être le père de Mila viendra-t-il à bout d’accommoder l’affaire, dit grand’mère ; et c’est là-dessus que repose la dernière espérance de Jacques, depuis qu’à Noël dernier, l’administrateur a refusé de le prendre en service au château.

« Eh bien ! reprit un des chalands, le vieux Mila donnerait bien pour cela une ou deux centaines de florins. »

« Deux cents florins, mon camarade, dit le meûnier, seraient encore bien peu. Et le père Mila ne peut pas donner autant ; car sa ferme n’est pas, après tout, si considérable, et il y a là bien des enfants.