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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/303

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ler. Alors je me dis à moi même : tu ferais le mieux de t’étendre sur le gazon, sous la fenêtre de Madeleine, car elle est matinale ; et d’attendre qu’elle sorte ; et alors, je te voir, et me couchais sur la couverture verte. Ce n’est pas en vain qu’on dit de toi dans le village. Avant que chante l’alouette, Madeleine porte déjà l’herbe à la maison. Et à peine fait il jour que tu es déjà en train de fauciller. Je t’ai vue te laver à la fontaine, puis mettre tes cheveux en ordre ; et je pouvais à peine m’empêcher de courir à toi ; mais en te voyant faire la prière du matin, je ne voulais pas te déranger. Mais à présent dis-moi, si tu m’aimes encore ? »

« C’est ainsi qu’il parlait, et comment aurais-je pu répondre autre chose sinon que je l’aimais ; nous nous étions aimés dès l’enfance, et je n’ai jamais pensé à autre qu’à lui. Nous causâmes un instant, puis Georges entra dans la chaumière de sa mère, en même temps que j’allais annoncer son retour à mon père. Mon père était un homme sage, à qui il ne plut guère que Georges se trouvât ici dans un moment si dangereux.

Je ne sais pas, dit-il, si c’est ici qu’il prendra l’uniforme blanc, nous ferons notre possible pour le bien cacher ; seulement ne faites connaître sa présence à personne.

« Bien que Novotná fût heureuse du retour de Georges, elle n’en ressentait pas moins une grande frayeur ; car Georges était inscrit sur le rôle de recrutement et ne pouvait y échapper qu’à la condition qu’on ne sût pas où il était. Il se tint caché pendant trois jours au grenier dans le foin. Sa mère