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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/344

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première taille, et un travailleur que l’on aime à voir fonctionner.

Ah ! oui, c’est comme cela. Allons ! Que Dieu les rende heureux ! dit grand’mère. Mais qui aurait pensé que ces deux bonnes gens se réuniraient de deux frontières si opposées. Et c’est Georges qu’il se nomme comme défunt mon mari. À ces mots grand’mère, qui essuyait une larme plia la lettre, et alla la serrer dans son coffre.

Les enfants étaient charmés de posséder au milieu d’eux leur père bien-aimé. Ils ne pouvaient se rassasier de le voir ; ils se coupaient la parole les uns aux autres pour lui raconter les histoires de l’année écoulée ; toutes choses qu’il savait déjà par les lettres de leur mère. « Mais tu resteras bien tout l’hiver avec nous, n’est-ce pas papa ? » lui demandait Adèle de sa voix caressante, en même temps qu’elle lui lisait sa barbe ; ce qui était leur suprême plaisir à tous.

« Et n’est-ce pas, papa, ajoutait Guillaume, que lorsque sera venu le temps d’aller dans les traîneaux tu nous emmenèras dans les plus beaux et que tu mettras des grelots aux chevaux. Notre bon compère de la ville en a une fois envoyé un exprès pour nous. Nous y sommes montés avec maman, sans grand’mère qui n’a point voulu venir. Et ça allait et ça sonnait, là faire sortir des maisons le monde de la ville, pour savoir qui arrivait. Or le père ne put encore répondre à toutes ces questions, parce que Jean continuait déjà : « Sais-tu bien, père, que je deviendrai chasseur ? Quand j’aurai fini de fréquenter l’école, j’irai demeurer en montagne chez