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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/372

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Les enfants étaient bien heureux d’avoir leurs propres portraits — personne ne savait rien de celui de grand’mère, — ils étaient aussi dans une joyeuse attente des cadeaux que leur avait promis la comtesse, s’ils restaient tranquilles, pendant qu’elle les dessinait.

Grand’mère avait plaisir à considérer comment, sous l’habile pinceau de la jeune artiste, ces chers visages d’enfants se reproduisaient, traits par traits, de plus en plus vivants, et elle était la première à les rappeler au maintien, quand ils se sentaient aller à reprendre une position plus commode.

« Reste tranquille, Jean ! ne sautille pas ainsi, afin que mademoiselle puisse bien te saisir. Et toi, Barounka, ne baisse pas ainsi le nez, pour le faire ressembler à celui d’un lapin. Guillaume, ne relève pas sans cesse les épaules comme fait l’oie avec ses ailes, quand il vient de lui tomber une tige de plume.

« Et comme Adèle s’était oubliée au point de fourrer dans sa bouche son doigt index, elle en fut reprise par cette remontrance : « Mais n’as-tu point honte, déjà grande fille comme tu es, et qui pourrais déjà te couper du pain toi-même ! Voilà que je vais être obligée de te mettre du poivre sur le doigt.

La comtesse fut charmée d’avoir à faire ce genre de peinture, et elle souriait de temps en temps aux enfants pendant l’opération. Son visage redevint de jour en jour plus rose ; grand’mère fit l’observation que ses couleurs étaient moins celles d’une rose que celle de la belle fleur du pommier. Elle était devenue plus gaie, et son regard plus brillant et plus clair reprenait son éclat ; elle souriait à chacun, et trouvait toujours le mot qu’elle savait