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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/374

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ces pieuses images que grand’mère leur avait apportées du pèlerinage de Svatonitz. Elle avait pris son rosaire, et Marie emportait aussi des images saintes.

« Qui aurait pensé que nous aurions à faire les préparatifs d’un enterrement, » dit la femme du chasseur à grand’mère en la recevant sous le petit vestibule de la vènerie ?

« Nous ne sommes tous ici sur terre que pour un temps : nous nous levons le matin, sans savoir si nous nous coucherons le soir, » répondit grand’mère. La biche accourut vers Adèle, dont elle frôlait la poitrine avec ses yeux, par manière de caresse, tandis que les jeunes garçons du chasseur et ses chiens sautaient autour d’eux tous.

« Où l’avez-vous mise ? » demanda grand’mère en entrant dans la chambre.

« Dans la petite maison du jardin, » répondit la femme du chasseur, qui prit sa petite Annette par la main pour les y conduire.

La maisonnette qui n’avait qu’un petit salon, était ornée de branches de sapin, au milieu desquelles était exposé, sur une civière, un cercueil, fort simple, fait de planches de bouleau non rabotées. Il était ouvert, et le corps de Victoire y était couché. La femme du chasseur lui avait passé la blanche chemise mortuaire, et orné le front d’une couronne faite avec ces œillets barbés qu’on nommait les larmes de la sainte Vierge. Sous la tête, elle lui avait mis un coussin de mousse verte ; elle lui avait aussi ramené les bras sur la poitrine, et l’un au-dessus de l’autre ; c’était ainsi qu’elle avait coutume de les tenir pendant la vie. Des branches de pin ornaient le cercueil et