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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/387

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Le regard de la fiancée brille d’amour et de joie, chaque fois qu’il se porte vers son beau fiancé qui va et vient alentour. L’usage accorde alors plus de liberté, à chacun d’eux, d’entretenir sa future, qu’il ne lui en est accordé à lui, à l’égard de sa fiancée ; mais par moments, il ne lui en adresse que de plus ardents regards. La fiancée est servie par le premier des garçons d’honneur, et c’est au fiancé d’avoir soin de la première fille d’honneur. Il y a permission générale de se livrer à la gaieté, à un honnête badinage, de dire des chansonnettes, de faire des plaisanteries et des saillies ; ce dernier rôle est dévolu surtout au bavard, au lieu que les fiancés n’ont pas, eux, la liberté de trop montrer leur joie. Christine parlait très-peu ; elle avait les yeux baissés sur cette table, couverte de vert romarin et à laquelle elle était assise. Et quand la plus jeune et la première des filles d’honneur commencèrent à tresser les couronnes de noce, et que toute la société se mit à chanter :

« Où t’es-tu envolée, chère colombe,
Où, hélas, as-tu volé,
Que tu as souillé ta petite plume blanche,
hélas ! gâtée ?

Christine se couvrit le visage de son tablier blanc, car elle s’était prise à pleurer.

Le fiancé la regarda avec une sorte d’anxiété, et en demandant au bavard : « Pourquoi pleure-t-elle ainsi ?

« Tu sais, mon fiancé, » lui répondit gaîment Martinetz, que l’affection et la joie n’ont qu’une même