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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/396

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jeta aux fiancés en disant : « Que Dieu vous comble d’autant de ses bénédictions ! » Toutefois, ni les pois, ni les grains de blé, ne se trouvèrent foulés aux pieds. Grand’mère vit très-bien qu’ils se trouvaient aussitôt becquetés sous la table par des pigeons apprivoisés.

Le festin était fini : plus d’une tête, devenue lourde, branlait appesantie, de côté et d’autre. Chacun avait devant soi une grande part à emporter ; et à celui qui ne l’eut pas prise ainsi, nul doute que la femme de Thomas ne la lui eut faite : car il eut été honteux de revenir de la noce, sans en rien rapporter. Il y eut de tout à foison. Quiconque se trouvait à passer près de l’auberge recevait à manger et à boire, et les petits enfants que la seule curiosité attirait alentour, reçurent des brassées de gâteaux. À la suite de festin, on donna à la fiancée pour un berceau : et elle s’effraya presque, quand elle vit tomber sur elle une pluie de thalers. Et lorsque les garçons d’honneur, à leur tour, eurent apporté de l’eau dans des cuvettes avec de blancs essuie-mains, pour donner à laver aux filles d’honneur, chacune d’elles jeta dans l’eau de la cuvette une pièce d’argent. Chacune d’elles aurait rougi d’être en reste de générosité ; c’est pourquoi, dans l’eau, on ne voyait briller que des pièces d’argent. Elles firent, pour les garçons et pour les filles d’honneur, les frais de la danse et de la boisson du second jour des noces.

Là-dessus, la fiancée et ses demoiselles d’honneur allèrent revêtir d’autres robes, en vue de la danse qui suivait. Grand’mère profita de ce moment de répit, pour reconduire à leur maison ses petits-en-