disait. Il convint aussi que les bijoux avaient effectivement appartenu à sa femme ; mais il voulait d’autres preuves, disant, pour ses raisons, qu’Ambroise avait pu acheter ces bijoux de quelque domestique, qui lui aurait également donné les renseignements sur la forme de la chambre, du lit et des autres meubles de sa femme. « Cela devrait suffire, répondit Ambroise ; mais, puisque vous voulez de plus fortes particularités, je vous satisferai : madame Genèvre, votre digne moitié, a, sous le teton gauche, un poireau assez gros, autour duquel il y a cinq ou six poils parfaitement ressemblants par leur couleur à de petits fils d’or. »
Ces mots percèrent le cœur de Bernard. Il partit aussitôt de France pour venir à Gênes, et s’arrêta dans une de ses maisons de campagne, qui n’en était qu’à dix lieues. Il écrivit de là à sa femme, pour l’engager à venir le trouver, et lui envoya un domestique de confiance avec deux chevaux. Il commanda à ce valet de l’assassiner sans pitié dès qu’il se trouverait avec elle dans certain lieu peu fréquenté, et de revenir au plus vite après l’avoir tuée.
L’émissaire, arrivé à Gênes, remit la lettre à madame Genèvre, qui apprenant le retour de son mari, la reçut avec de grandes démonstrations de joie. Elle partit dès le lendemain pour aller le rejoindre, accompagnée du seul domestique qui venait la chercher. Ils arrivent, tout en causant, dans une vallée profonde et solitaire, bordée de hautes collines et couverte de bois. Ce lieu lui parut propre à l’exécution des ordres de son maître. Il tire son épée, et saisissant la dame par le bras : « Madame, lui dit-il, recommandez votre âme à Dieu ; il vous faut mourir sans aller plus loin. — Bon Dieu ! s’écria-t-elle tout