Page:Boccace - Décaméron.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Boccace a subi le sort commun chez nous aux écrivains étrangers, et bien que ce nom soit presque aussi populaire en France qu’au delà des Alpes, nous ne le connaissons pas mieux que Dante et Shakespeare. Que dis-je ? Son cas est plus particulier encore. Si nous ne connaissons ni Dante ni Shakespeare, ou si nous ne les connaissons que très imparfaitement, nous ne nous en faisons pas du moins une idée par trop fausse. Nous savons, d’une manière générale, que Dante a écrit un poème où il raconte ses pérégrinations imaginaires à travers l’enfer, le purgatoire et le paradis, et que Shakespeare a composé de nombreux drames dont les plus célèbres nous sont connus, ne fût-ce que par leur titre ; tandis que nous avons de Boccace et de son œuvre une idée absolument erronée.

Boccace n’a point écrit de contes, dans le sens du moins que nous attachons à ce mot. Il a laissé, entre autres ouvrages en prose et en vers, dénotant tous un écrivain de premier ordre[1], un livre intitulé le Décaméron,

  1. Voici la liste des principaux ouvrages de Boccace :
       Le Filocopo 1339 — roman en prose, dont le sujet est tiré du roman français de Floire et Blancheflor.
       La Teseïde, 1340 — poème écrit sur la demande et en l’honneur de Marie, sa maîtresse, fille de Robert, Roi de Naples, et qu’il a immortalisée sous le nom de Fiammetta. C’est encore une imitation d’un de nos romans du moyen âge, et dont le héros est Thésée, « duc d’Athènes ».
       L’Ameto, 1342 — composition mêlée de vers et de prose, où Boccace nous apprend qu’il est né à Paris, ce qu’il ne faut point prendre à la lettre. Il naquit, en réalité, à Certaldo, d’une femme que son père avait connue à Paris.
       Le Filostrato, 1345 — poème où il décrit les amours de Troïle, le plus jeune fils de Priam, avec Chryséis, fille du grand-prêtre Calchas, qu’il appelle « l’évêque de Troie. »
       L’Amorosa Visione. 1345 — poème où l’on trouve de nombreuses imitations de la Divine comédie et des autres ouvrages de Dante.
       L’Elegia di madama Fiammetta, 1346 — roman en prose où il décrit son amour pour Marie, fille de Robert de Naples.
       Le Ninfale Fiesolane, le poème des nymphes de Fiésole, 1347 — où la Fiammetta joue un rôle. Elle est une des sept nymphes que le poète met en scène.
       Le Décaméron, 1348-1353. — C’est l’œuvre capitale de Boccace.
       La Vita di Dante, 1351. — On trouvera la traduction de cet ouvrage, très court mais fort intéressant, en tête de notre traduction de la Divine comédie, publiée dans la collection elzévirienne d’Alphonse Lemerre.
       Il Corbaccio, 1355 — recueil de chansons, œuvre de vengeance contre une femme pour laquelle il avait commencé par faire mille folies.
       La Genealogia degli Dei, 1363.