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Page:Bodève - Celles qui travaillent.djvu/10

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Les très rares élues qui, parmi les femmes sorties du peuple ouvrier, sont devenues artistes, ont été aussitôt conquises par l’élite ; elles n’ont pu résister à la force de séduction de la société qui leur faisait fête ; elles se sont pliées à ses formes de pensée, avec la souplesse ordinaire de la femme ; et, en atteignant parfois à une étonnante virtuosité d’expression artistique, elles ont perdu tout intérêt humain, Du peuple, d’où elles viennent, il ne leur reste rien. On dirait qu’elles ont voulu l’oublier, au plus vite ; elles ont tourné la page sur la sombre vie passée.

Tout autre est l’écrivain, dont nous avons l’honneur de présenter l’ouvrage au public. Mademoiselle Simone Bodève n’a jamais rompu les liens qui l’attachent à la misérable armée de Celles qui travaillent. Elle a combattu, dans leurs rangs ; elle leur reste fidèle ; et, de tout ce qu’elle a vu, elle conserve et reflète d’image, avec la précision d’un miroir sans défaut. Que l’on n’attende pas d’elle les effusions de pitié, ou les indignations révolutionnaires de ceux qui peut-être aiment le peuple et qui voudraient l’aider, mais qui ne le connaissent pas et, quand ils parlent de lui, ont l’air de chanter faux : car il leur est