Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/20

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manquons-nous point par le temps qui court.

Mais je ne crois pas qu’on ait tenté jusqu’ici, du côté de l’avenir, guère autre chose que des théories utopiques ou des apocalypses.

Dans les unes, l’auteur n’a songé qu’à trouver un cadre pour exposer un système politique, moral ou religieux, sans rien rattacher à une action, sans donner ni relief ni mouvement aux choses ou aux personnes, sans aborder enfin la création vivante d’un monde à venir quelconque.

Dans les autres, des génies doués d’une inspiration exaltée, et dès-lors poétique, ont rêvé l’avenir avec la préoccupation de la dégénérescence croissante du monde, croyance qui dominait la plus grande partie de l’antiquité[1], et

  1. Damnosa quid non imminuit dies ?

    Aetas parentum, pejor avis, tulit
    Nos nequiores, mox daturos

    Progeniem vitiosiorem.
    Hor. Od.

    Pline (liv. vii) dit que l’on reconnaît généralement que le genre humain ne peut être comparé ni pour la multitude, ni pour la stature, ni pour la force, à ce qu’il était autrefois. Ce n’est que le côté physiologique de la question. Mais on ne manquerait point de passages où la question morale est jugée par le pessimisme des vieillards comme l’a jugée Horace.