Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/22

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nent, telle que l’enseignent certaines personnes, n’aboutit qu’à comprimer tout ressort, qu’à entretenir l’apathie, l’insouciance, et pis encore, chez les hommes.

Les partisans de l’ascétisme diront que cette doctrine est plus conforme aux véritables idées religieuses, en ce qu’elle tend à détacher l’homme d’un monde périssable et imperfectible, pour tourner toutes ses espérances vers un monde où les derniers deviendront les premiers. Mais la doctrine du progrès, s’appliquant autant au progrès moral qu’au matériel, n’est point contraire à la philosophie spiritualiste. Sans doute c’est une pauvre consolation à donner aux malheureux que de leur dire : laissez faire, les générations qui viendront après nous seront bien moins à plaindre. Ils accueilleront toujours avec plus d’intérêt et plus de joie la promesse du royaume des cieux. Mais celui-ci n’est point incompatible avec le progrès sur la terre.

L’opinion philosophique qui, suivant la belle