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épublique est un droit gouvernement
de plusieurs ménages, et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine. Nous mettons
cette définition en premier lieu, par ce qu’il faut
chercher en toutes choses la fin principale : et
puis après les moyens d’y parvenir. Or la défi
nition n’est autre chose que la fin du sujet qui
se présente : et si elle n’est bien fondée, tout
ce qui sera bâti sur icelle ruinera bien tout après.
Et jaçoit que celui qui a trouvé la fin de ce qui
est mis en avant, ne trouve pas toujours les moyens d’y parvenir, non
plus que le mauvais archer qui voit le blanc et n’y vise pas : néanmoins
avec l’adresse et la peine qu’il emploiera il y pourra frapper, ou approcher : et ne sera pas moins estimé, s’il ne touche au but, pourvu qu’il
fasse tout ce qu’il doit pour y atteindre. Mais qui ne sait la fin et définition du sujet qui lui est proposé, celui-là est hors d’espérance de
trouver jamais les moyens d’y parvenir, non plus que celui qui don
ne en l’air sans voir la butte. Déduisons donc par le menu les parties de
la définition que nous avons posée. Nous avons dit en premier lieu
droit gouvernement, pour la différence qu’il y a entre les Républiques, et les troupes de voleurs et pirates avec lesquels on ne doit
avoir part, ni commerce, ni alliance : comme il a toujours été gardé
en toute République bien ordonnée, quand il a été question de donner la foi, traiter la paix, dénoncer la guerre, accorder ligues offensives, ou défensives, borner les frontières, et décider les différends
entre les princes et seigneurs souverains, on n’y a jamais compris les
voleurs, ni leur suite : si peut-être cela ne s’est fait par nécessité forcée, qui n’est point sujette à la discrétion des lois humaines, lesquelles
ont toujours séparé les brigands et corsaires, d’avec ceux que nous disons