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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. I.

ler d’eux. Eh bien ! sais-tu ce qui les perdit ? C’est que, imbus de ma morale, on les voyait s’écarter en tout des pratiques des méchants. Cesse donc de t’étonner, si dans cet océan de la vie nous sommes de toutes parts assaillis par les tempêtes, nous qui nous proposons avant toute chose de déplaire aux scélérats.

« Leur armée est nombreuse, il est vrai, mais elle n’est pas redoutable, parce qu’elle n’a pas de chef et qu’elle se laisse égarer par la passion, çà et là, sans règle et sans plan arrêté. Que si, par hasard, elle s’avance en meilleur ordre et se dispose au combat, notre chef à nous retire ses troupes dans la citadelle, et l’ennemi ne peut que perdre sa peine à piller quelques bagages inutiles. Du haut de nos remparts, nous le voyons en riant se partager un butin sans valeur, et, à l’abri de toutes ces fureurs désordonnées, nous jouissons de notre sécurité derrière nos retranchements inaccessibles aux approches de la sottise. »

VII

Donne à ta vie une règle certaine ;
Mets sous tes pieds les arrêts du Destin ;
De la Fortune ose affronter la haine ;
À ses faveurs oppose ton dédain.
Ton âme alors bravera la tempête,
Les vents, la foudre éclatant sur le faîte
Des tours de marbre et des palais croulants13,
Et le Vésuve, alors que son cratère
Bouillonne, éclate, et vomit sur la terre
Des flots de lave arrachés de ses flancs.