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INTRODUCTION.

père de les voir, le même jour, et avant l’âge, étonner Rome de leur double consulat[1].

Nous avons dit que ce fut en 510 que Boèce lui-même remplit cette charge. Cette année fut, sans

  1. Les biographes sont unanimes à affirmer que Boèce avait eu une première femme nommée Elpis, et de cette femme, deux fils nommés Hypatius et Patricius. Cette allégation se fonde, d’abord, sur une mauvaise interprétation du mot socerorum, par lequel Boèce (Consol., p. 64) désigne les parents de sa femme, et, en second lieu, sur une erreur chronologique. Nous croyons avoir établi, dans une remarque qu’on trouvera à la page 348 de ce volume, la véritable signification du mot socerorum. En ce qui touche l’erreur chronologique, la question n’est pas aussi simple et demande un peu plus d’explication.

    Boèce rapporte (Consol., p. 65) qu’à une époque de sa vie qu’il ne précise pas, il avait prononcé le panégyrique du roi au milieu du sénat, que présidaient ses deux fils, assis sur leurs chaises curules. On avait supposé gratuitement que cette solennité avait eu lieu en 500, date de la première entrée de Théodoric à Rome ; de là cette conséquence que Boèce avait eu deux fils nommés Hypatius et Patricius ; tels sont, en effet, les noms des deux consuls de l’an 500, d’après la chronique de Cassiodore, Mais ces personnages ne pouvaient être les fils de Rusticiana, puisque, à l’époque où Boèce écrivit son traité de la Consolation, c’est-à-dire en 524, il loue ces derniers (p. 71) de donner, dans un âge encore tendre, l’exemple des plus rares vertus. Rusticiana n’était donc que la seconde femme de Boèce. Restait à trouver le nom de la première.

    La question en était là, lorsqu’en creusant les fondations du collège des Jésuites, à Palerme, on trouva une pierre tumulaire sur laquelle était gravée, en vers élégiaques, l’épitaphe d’une femme nommée Elpis (V. Burmann, Antholog. lat., et Ferretius, Musæ lapidariœ carmina). Or, on savait que, du temps de Théodoric, une matrone romaine de ce nom s’était fait connaître par quelques essais poétiques assez heureux ; il n’en fallut pas davantage pour que l’on conclut à l’identité des deux homonymes, et l’on ne s’en tint pas là. Elpis, sur sa propre épitaphe, vantait avec