Aller au contenu

Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA COlYSOl », ·\TION PIIILOSOPITIQIJE, LIV. U. SE) << t’accorderai sans hésiter que ce que tu réelames était bien rr à toi. Le jour on la nature t’a tiré du sein de ta mère, je cc t’ai recu nu et dans l’indigence de toutes choses ; et si aujourd’hui tu te montres si disposé à la révolte, clest que je t’ai élevé avec une indulgence et une tendresse excessives. Enfin, autant qu’il dépendait de moi, je t’ai cc entouré dl opulence et de splendeur, Maintenant il me plaît de retirer ma main : rends-moi grâces pour avoir joui de biens qui ne Uappartenaient pas : tu n’as pas le tc droit de te plaindre comme si tu avais perdu les tiens propres. Pourquoi donc gémis-tu ? Je ne t’ai fait aucun dommage, Richesses, honneurs et autres choses semblables, tout cela est de mon domaine. Ce sont des esclaves qui me reconnaissent pour leur souveraine ; ils arrivent avec moi, avec moi ils se retirent. Je l lat firme sans crainte : si les biens dont tu déplores la perte avaient << été à toi, tn ne les aurais pas perdus. Est-ce que, seule au monde, je ne pourrai user de mon droit ? Le Ciel peut faire luire des jours sereins, et les couvrir ensuite des ténèbres de la nuit. Llànnée peut tantôt couronner le front de la Terre de fleurs et de fruits, tantôt l’ensevelir sous les pluies et les frimas. Il est permis à la Mer dl aplanir aujourd’hui sa nappe souci riante et demain de hérisser ses îlots au souffle des tempêtes. Et moi dont le caractère répugne à la constance, j’y serais enchaînée par l’insatiable cupidité des hommesl Le changement, voilà ma nature, voilà le jeu éternel que joue. Ma roue tourbillonne sous ma main. Élever en haut ce qui est en bas, jeter en bas ce qui est en haut, voilà mon plaisir. Monte, si le cœur t’en dit, mais à condition qu’aussitôt que la règle de mon jeu le voudra, tu descendras sans tc plaindre. ]Ést-ce que tu ne connais et sais pas mon caractère ? Est-ce que tu ne savais pas l’histoire du roi de Lydie Crésus È) ])’abord il s’était rendu ix redoutable à Cyrus ; mais atteint bientôt par le malheur,