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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. Il. 7}

chaste pudeur, cette femme dont toutes les qualités peuvent s’exprimer par ce mot : elle ressemble à son père. Elle existe, dis-je, et ciest pour toi seulement, tant ce monde lui est odieux, qu’elle consent à vivre ; et, je suis tentée dieu convenir moi-même, le seul sujet d’affliction qui puisse altérer ton bonheur, c’est qu’en songeant à toi, elle se consume dans les larmes et dans la douleur. Que dirai-je de tes fils, personnages consulaires, chez qui l’on voit déjà briller, autant quiil se peut dans un âge aussi tendre, le génie de leur père et de leur aîeul ? Et, comme le principal souci de cette vie mortelle, c’est celui de la conserver, que tu serais heureux, si tu connaissais ton bonheur, toi qui, à cette heure encore, possèdes des trésors qui, de llaveu de tous, ont plus de prix. que la viel Sèche donc tes larmes. La Fortune n’a pas encore pris tous les tiens en aversion, et tu n’as pas trop souffert de la tempête, puisque tes ancres tiennent encore — solidement et qu’elles te conservent, avec la consolation du présent, l’espoir de l’avenir. — Ohl qu’elles continuent à tenir, m’écriai-je, je le demande au ciel : tant qu’elles me conserveront ces biens, quoi qu’il advienne, je surnagerai. Néanmoins, tu vois combien je suis déclin de ma gloire. » Mais elle : « J’ai déjà gagné un point, ditelle, si dans ta condition tout ne te semble pas également malheureux. Mais ta mollesse me révolte. Ton bonheur niest pas complet : faut-il pour cela te désoler et te plaindre avec tant d’amertume ? Ou est l’homme en possession d’une félicité si accomplie, qu’à certains égards il n’ait sujet de chercher noise à la Fortune ? (Test chose précaire que la prospérité diici-bas : jamais elle ne se donne tout entière et elle a toujours un terme. L’un régorge de 1’lCl1€SS€S, mais rougit de sa naissance. L’autre est diune noblesse qui le signale aux yeux de tous, mais il est à l’étroit dans un pauvre patrimoine et préférerait n’être connu de personne. Celui-ci, noble et