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Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/163

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TAA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. II. T9 IX

Mais puisque le baume de mes raisonnements a déjà pénétré dans ton âme, je pense que le moment est venu de recourir à des moyens un peu plus énergiques. Dismoi, lors même que les dons de la Fortune ne seraient ni fragiles ni temporaires, qui y a-t-il en eux qui puisse devenir entièrement vôtre, ou dont un examen attentif ne ’ doive diminuer la valeur ? Est-ce par rapport à vous, ou en vertu de leur nature propre, que les richesses sont précieuses ? De toutes celles que l’on connaît, lesquelles faut-il préférer ? Ilor ? des monceaux d’écus ? Mais c’est en se disséminant, non en s’accumulant, qu’ils montrent leur éclat, puisque l’avarice engendre la haine, et la libéralité la gloire. D’autre part, nul ne peut conserver ce qu’il a transféré àun autre. Je conclus delà que l’argent commence à prendre du prix, lorsque, passant en d’autres mains, il cesse d’appartenir à celui qui en a fait largesse. Ajoutons que, si quelqu’un pouvait accaparer tout llor qui circule sur la terre, le reste des hommes serait réduit à Vindigence. Le son de la voix peut, sans diminuer de volume, remplir également les oreilles d’une foule d’auditeurs ; mais vos richesses, à moins de se fractionner, ne peuvent passer entre les mains de plusieurs. Cela étant, elles doivent nécessairement appauvrir ceux qu’elles abandonnent. O les tristes et misérables trésors, puisqu’ils ne peuvent être possédés en totalité par plusieurs, et qu’ils ne sauraient devenir la propriété d’un seul sans appauvrir tous les autresl

Lléclat des pierreries fascine vos yeux ? Mais, en ad-