Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/173

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. II. 89 Ah ! plût au ciel que le siècle où nous sommes Pût revenir aux mœurs des premiers hommes, Et fût comme eux de tout meurtre innocent ! Mais l’avarice a desséché les âmes ! Tout se flétrit à son souffle mortel : L’Etna ]amais n’a vomi plus de flammes. Ce fut un fou dangereux et cruel

Qui s’avisa d’arracher à l’abîme

La perle et l’or, ces complices du crime, Dans les enfers relégués par le Ciel. XI

Que dirai-je des dignités et de la puissance, que, dans votre ignorance de la véritable dignité et de la véritable puissance, vous élevez jusqu’au ciel É) Si elles échoient à un scélérat, quels incendies, quelles éruptions del’Etna, quels déluges peuvent égaler leurs ravages ? Tu t’en souviens sans doute, à cause de l’arrogance des consuls, vos ancêtres voulurent abolir le pouvoir consulaire, qui avait inauguré leur liberté". Déjà, à cause de Varrogance des rois, ils avaient supprimé dans Rome jusqu’au nom de roi. Et si par aventure, bien rarement, il faut le dire, les dignités sont conférées à des gens de bien, quel titre peut les recommander, sinon la moralité de ceux qui en sont revêtus ? D’où il faut conclure que ’ ce n’est pas la vertu qui tire son éclat des dignités, mais que ce sont les dignités qui empruntent le leur à la vertu.

« Après tout, en quoi consiste cette puissance humaine,